LUTTE CONTRE LES ESPÈCES INVASIVES OU INADAPTÉES

21/10/2022
LUTTE CONTRE LES ESPÈCES INVASIVES OU INADAPTÉES

LUTTE CONTRE LES ESPÈCES INVASIVES OU INADAPTÉES

L’entretien d’un cours d’eau implique parfois de lutter contre les espèces animales et végétales invasives. 

L’enlèvement des espèces végétales invasives, telles que la renouée du Japon ou la jussie nécessite également de prendre des précautions pour éviter leur dissémination, sur la terre comme dans l’eau. Il est fortement recommandé de se rapprocher du syndicat de rivière et de la Fédération Départementale de Pêche avant de mener toute action. Une fois l'identification confirmée, il faut intervenir le plus précocement possible pour éviter que la population ait le temps de s'étendre.

La lutte contre les espèces animales telles que le ragondin ou le rat musqué s'effectue par piégeage (qui nécessite un agrément), l'usage d'appâts empoisonnés étant interdits.

Il est strictement interdit d’introduire dans la rivière des poissons, tortues ou autres espèces issues des aquariums domestiques, qui peuvent, à l’image de l’écrevisse de Californie, se multiplier au détriment des espèces locales. L'article R.432-5 du code de l'environnement établit une liste des espèces dont l'introduction est interdite dans les eaux douces françaises : poisson chat, perche soleil, écrevisse américaine, écrevisse signal, grenouille taureau. Ces espèces ne peuvent pas non plus être transportées vivantes.

Les espèces aquatiques envahissantes
Ecrevisse de Californie

L'écrevisse de Californie ou signal (Pacifastacus leniusculus) est une espèce d'écrevisse originaire des cours d'eau et pièces d'eaux stagnantes du Nord-Ouest d'Amérique du Nord. Elle a été introduite depuis dans plusieurs autres régions du monde, dont l'Europe et le Japon, où elle est considérée comme espèce invasive au regard des espèces indigènes d'écrevisses. Elle fut introduite en France dans les années 76/77.

Ces pinces sont massives, lisses et décorées d'une tache claire, parfois bleutée ou rouge, située à la commissure du doigt fixe et du doigt mobile. Cette marque bien visible a inspiré le nom donnée à cette espèce. Elles sont de grandes tailles et peuvent atteindre 140mm pour un poids de 150gr.

La plasticité écologique de cette espèce est redoutable. Capable de s'adapter aussi bien dans les rivières à truites que dans les étangs où la température dépasse allègrement les 20°C, elle est devenue au fil des ans un véritable fléau à tel point qu'elle est classée désormais comme espèce ''susceptible de créer des déséquilibres biologiques''.

Les données de pêches électriques issues de la fédération de pêche et de l'ONEMA illustrent la présence et la progression de l'écrevisse signal (principalement) et de l'écrevisse américaine sur la bassin versant de la Blaise. Elles sont recensées sur trois secteurs du bassin : la Blaise à Palisay, le ru du Saint-Martin à La-Leu et le ru de Saint-Cyr à la Tartre.

L'effectif présent sur le bassin est en très nette progression comme l'illustre la figure n°60. Cette courbe d'effectif est typique des espèces envahissantes ou la population, une fois installée, s'accroit de façon exponentielle. La présence de cette espèce en quantité sur la Blaise pourrait avoir des conséquences importantes sur le peuplement piscicole notamment sur la prédation des œufs.

Perche soleil

Les étangs et plans d'eau sont souvent sources d'introduction d'espèces exotiques. C'est notamment le cas de la perche soleil qui se retrouve en grande quantité dans nos cours d'eau alors qu'elle crée un déséquilibre parmi les populations piscicoles naturellement en place.

Rat surmulot

Il possède la même queue ronde et écailleuse que le ragondin, mais son museau est plus allongé, ses oreilles plus grandes et il est beaucoup plus petit (environ 25 cm pour 280 à 560 g).

Ragondin

Le ragondin (Myocastor coypus) est un mammifère de l’ordre des rongeurs. De grande taille (environ 60 centimètres pour 5 à 9 kilos), ses pattes postérieures palmées, ses narines obturables placées, comme ses yeux, très haut sur la tête, en font un animal amphibie parfaitement adapté à la vie aquatique. Il est également reconnaissable à sa queue ronde mais écailleuse, à son museau blanc et à ses petites oreilles. Dans les berges, il creuse des terriers de quelques mètres de profondeur, avec plusieurs entrées dont l’une est immergée. Ce réseau de galeries aboutit à l'effondrement des berges et à la déstabilisation d'arbres rivulaires.

Originaire d’Amérique du Sud, le ragondin a été introduit en France au XIXème siècle pour sa fourrure. Aujourd’hui, le ragondin est présent sur tout le territoire national, sauf en altitude. Devenu une espèce invasive, ce mammifère pose de nombreux problèmes écologiques. Son principal impact touche les ouvrages hydrauliques : en creusant ses terriers dans les berges des canaux et les digues, il les endommage et les plus minées peuvent céder lors des crues. Il participe alors fortement à l’érosion des berges.

Le ragondin, vecteur de la leptospirose et de la douve du foie, représente aussi un risque sanitaire pour l'homme lui-même. Sans compter qu'il n'a pas de prédateur naturel.

L'empoisonnement, longtemps pratiqué, est désormais interdit car il porte atteinte à la faune sauvage. Le SBV4R possède 5 cages de piégeage, qui peuvent être mises à disposition des piégeurs agréés.

Toutefois, la chasse ou le piégeage ne sont pas les meilleures méthodes pour limiter ces dommages. Les campagnes de destruction de ragondins pratiquées pendant plusieurs décennies ne sont pas parvenues à enrayer la prolifération de l'espèce. Il est aujourd'hui reconnu qu'il est préférable d'agir sur l'habitat du ragondin par des travaux de renaturation de la rivière, avec recréation de méandres et arasement de merlons (surélévation de terre pour contenir la rivière), habitats appréciés des ragondins. L’effacement des ouvrages participe de cette politique : en recréant un courant puissant, en abaissant la ligne d’eau, en dénoyant les berges abruptes, les conditions de vie des ragondins se trouvent fortement perturbées

Rat musqué

Reconnaissable à son museau arrondi et à sa queue aplatie latéralement, le rat musqué mesure environ 35 cm pour 1,5 à 2 kg. Comme le ragondin, il peut véhiculer des maladies dangereuses pour l'homme (leptospirose et douve du foie, notamment).

Il ne faut pas les confondre avec le campagnol amphibie, espèce protégée à relâcher impérativement !

Les espèces végétales envahissantes

Le Conservatoire des Espaces Naturels de la Région Centre - Val de Loire a réalisé une vidéo explicative de ce que sont les espèces végétales envahissantes :

"Mieux connaître les plantes invasives".

Les interventions consistent en un débroussaillage et dégrapage des surfaces contaminées sur une profondeur de 50 à 60 cm. Les résidus de fauche doivent être brûlés et les rhizomes évacués vers un lieu d'incinération ou de décharge approprié pour éviter leur dissémination. Les surfaces ainsi mises à nu doivent être remises en forme par un apport sain de matériaux gravelo-terreux avant d'être ensemencées avec des graines d'espèces locales. Selon la surface concernée, l'ensemencement peut être complété par une revégétalisation sous la forme de boutures de saules et/ou de plantation d'espèces indigènes adaptées à la vie en bord de rivière. Le sol peut également être recouvert d'un treillis de géotextile biodégradable avant la plantation, pour éviter le retour des espèces indésirables.

Renouée du Japon

Très présente en Eure-et-Loir, la Renouée du Japon est une plante exotique envahissante. Il s’agit principalement de Fallopia japonica, plante classée par l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) dans le top-100 mondial des organismes les plus préoccupants. La plante présente un caractère pionnier, c’est-à-dire qu’elle est apte à coloniser des milieux perturbés ou remaniés après travaux. Elle occupe alors rapidement l’espace empêchant l’installation des plantes autochtones. A terme, on assiste à une banalisation du cortège floristique des sites infestés. La Renouée est une plante robuste dotée de puissants rhizomes pouvant descendre jusqu’à 2 à 3 m de profondeur. Ces rhizomes portent de nombreux bourgeons. La plante présente une forte capacité de reprise : un éclat de rhizome de quelques cm est apte à produire un nouveau plant.

Enfin, la plantation d’espèces végétales exotiques est à bannir car elles portent atteinte au milieu naturel et donc à la faune et à la flore.

Difficile à détruire, l'objectif est avant tout de contenir son expansion par arrachage, fauchage et bâchage. Attention à bien stocker les déchets sur une zone bâchée éloignée de la rivière pour les faire sécher avant de les brûler (ne surtout pas composter).

Jussie

Plantes vivaces et amphibies originaires d'Amérique du Sud, la jussie à grande fleurs et la jussie rampante produisent des fleurs jaune vif et se développement en milieux aquatique ou terrestre. Elles s'implantent tout particulièrement dans les zones humides, les eaux stagnantes ou faiblement courantes, les berges et les prairies.

Sumac de Virginie

Balsamine de l'Himalaya

Très fréquente en bordure de l'Eure, notamment au sein des jardins, l'espèce est considérée comme envahissante et à croissance rapide. Elle affectionne particulièrement les sols humides tels que les berges de cours d'eau, les talus, les fossés et les bois humides. On la trouve notamment dans les milieux anthropisés, sur les sols riches en azote.

Pour s'en débarrasser, rien de tel que l'arrachage ou le fauchage, entre mai et mi-juillet avant la formation des graines. Cette opération est à répéter au moins trois années consécutives.

Vigne vierge

Depuis les jardins bordant les rivières, et notamment sur l'Eure, la vigne vierge, originaire d'Amérique du Nord, colonise les berges. En effet, sa tige volubile peut courir sur le sol. Elle bouture facilement à partir de fragments de tiges. Ses fruits et ses graines sont dispersés par les oiseaux.

Buddleia du père David (ou arbre à papillons)

Originaire de Chine, les graines du buddleia dispersées par le vent, l'eau et l'homme, s'implantent de préférence en milieux perturbés ouverts, et notamment sur les pelouses sableuses des rivières.

Lauriers

Les lauriers-cerises et les lauriers-palmes, tous deux originaires d'Europe centrale, peuvent atteindre 6 m de haut. Ils produisent des baies ronde rouges, devenant noires, disséminés par les oiseaux.

Herbe de la pampa

Espèce cultivée pour l'ornementation des jardins, cette plante herbacée forme des touffes pouvant atteindre 3 à 4 m de haut. Elle donne des petits fruits secs plumeux.

Robinier faux-acacia

Originaire d'Amérique du Nord, cet arbre hermaphrodite peut atteindre jusqu'à 25 m de haut. Ses fruits tombant au pied de l'arbre peuvent être facilement disséminés par le vent, mais aussi par l'eau. Les fragments de tiges et de racines bouturant facilement peuvent également être transportés lors des crues.

Ailanthe

Originaire d'Asie occidentale et d'Océanie, cet arbre peut atteindre 20 mètres de haut. Il produit de petites fleurs jaune-verdâtre regroupées en inflorescence. Les feuilles, divisées en 6 à 12 paires de folioles, peuvent atteindre 50 cm de long. Il ne faut pas le confondre avec le sumac de Virginie, lui aussi invasif.

Erable négundo

Cet arbre originaire d'Amérique du Nord peut atteindre jusqu'à 25 mètres de haut. Fréquemment planté dans les parcs au cours du XIXème siècle, il apprécie tout particulièrement les saulaies, peupleraies et aulnaies-frênaies.

Févier d'Amérique

Solidage

Plantes herbacées vivaes originaires d'Amérique du Nord, les solidages se multiplient de façon très efficace par production de clones à partir des rhizomes. Elles affectionnent les milieux humides tels que les bords de rivière, les marais, les prairies humides, les lisières fraîches.

Les espèces inadaptées au milieu rivulaire

Peuplier hybride

Issu d'espèces américaines, le peuplier hybride présente une croissance rapide. Souvent planté en peupleraies ou en alignement le long des rivières, son faible enracinement ne permet pas la stabilisation des berges. Il induit donc un fort risque de basculement, créant des embâcles.

Cyprès de Lawson

Cette espèce n'est pas adaptée à la colonisation des berges car sa litière est peu dégradable et conduit à une modification du pH. Par ailleurs, il présente un risque de basculement important.

cyprès de Lawson

Thuya

Le Thuya présente une litière toxique qui, comme le cyprès de Lawson, modifie le pH de la rivière. Souvent présent en alignement dense, il limite le développement d'une végétation arborée, arbustive et herbacée plus adaptée.

thuya